Une trentaine d'employés du centre de tri de La Poste à Yzeure étaient devant le conseil des prud'hommes de Moulins, ce jeudi matin. Le conseil doit statuer sur la légalité du droit de retrait qu'ils exercent depuis le 15 janvier. Réponse le 6 août.
Depuis le 15 janvier 2020, 53 salariés du centre de tri de La Poste à Yzeure exercent un droit de retrait. Un droit de retrait dont la légalité est contestée par la direction de la Poste qui a donc, depuis, refusé de leur verser leurs salaires. Ce jeudi matin, les différentes parties se sont retrouvées aux prud’hommes afin de faire valoir leurs arguments.
Maître Éric Nury, avocat de la trentaine d’agents, a présenté une version des faits, en évoquant différents problèmes entre les salariés et le directeur depuis son arrivée début 2019 : « 2019 a été une année cauchemardesque pour les salariés », a t-il asséné. L’avocat a également évoqué tout particulièrement la journée du 14 janvier 2020 qu’il a présenté comme le point de départ des discordes : « La sanction de trois salariés pris au hasard a réveillé l’émotion » et a fait « resurgir les tensions de 2019 ». Maître Bernard Turno, son contradicteur, a expliqué, lui, que les trois personnes sanctionnées par la direction n’avaient pas été choisies au hasard mais car elles avaient été identifiées comme celles qui avaient bloqué l’accès au site, lors d’une journée de grève contre la réforme des retraites le 5 décembre 2019.
Un danger grave et imminent ?Dans ce contexte de sanction, les salariés ont également dénoncé des conditions de travail dangeureuses, qualifiées de « danger grave et imminent ». Ce qui, selon eux, leur donnait la possibilité d’exercer un droit de retrait. Mais pour l’avocat de la Poste, le « danger grave et imminent » n’est pas constitué. Maître Turno a insisté sur cette définition et sur la différence entre danger grave et imminent et risques psychosociaux : « La confusion n’a jamais fait une argumentation ». Maître Éric Nury a évoqué le rapport de l’inspection du travail et la mise en demeure adressée à la Poste qui n’a pas été contestée. Maître Bernard Turno a répondu que l’entreprise n’avait pas contesté la mise en demeure car « il y a des choses qui peuvent être améliorées comme dans de nombreuses entreprises, mais que cela ne prouve pas le danger grave et imminent ».
L’avocat des salariés a demandé les versements de leurs paies depuis le 15 janvier et des dommages et intérêts. La partie adverse a demandé au conseil de reconnaître « qu’il n’existe pas de droit de retrait et donc qu’il ne pouvait y avoir de rappel de salaires ». Réponse le 6 août. Les parties auront alors un mois pour faire appel.
Marie Collinet