L’eurodéputée Rima Hassan devait intervenir vendredi, mais le directeur de Sciences-Po a annulé l’événement en invoquant un risque de troubles à l’ordre public.
On le sait, depuis le 7-Octobre, Sciences-Po était accusée de laxisme face aux agitateurs qui se disent propalestiniens mais sont en réalité pro-Hamas. Beaucoup de gens saluent donc la fermeté de Luis Vassy. Ils ont tort.
Je déteste les idées de Rima Hassan et je n’aime guère sa personne, tout entière vouée à sa haine d’Israël. L’eurodéputée LFI est très populaire dans la jeunesse universitaire, donc politiquement dangereuse. Rappelons d’ailleurs qu’elle est poursuivie pour apologie du terrorisme après des déclarations complaisantes sur le 7-Octobre.
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Elle est une des premières propagatrices de l’accusation de génocide qui fait des Israéliens les nouveaux nazis. D’ailleurs, elle vient de dénoncer sur X la « censure des voix qui dénoncent le génocide en cours à Gaza ».
De plus, elle et ses amis politiques se sont fait une spécialité d’empêcher leurs contradicteurs de s’exprimer par la menace voire la pression physique. On se souvient des conférences annulées par le passé de François Hollande ou Alain Finkielkraut, par exemple. Mme Hassan manifestait devant TF1 quand ils ont interviewé Netanyahou, elle a aussi menacé BFMTV plus récemment. Bref, Madame Hassan et ses amis détestent la liberté.
Pour une raison pratique, d’abord. On se souvient qu’à Dauphine, une annulation avait été annulée par le Tribunal administratif. Mme Hassan, qui annonce déposer un référé-liberté, pourrait donc non seulement finalement intervenir mais en plus se draper dans la légitimité judiciaire…
Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que ce serait une défaite de se comporter comme les Insoumis. Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté, dit Saint-Just. Eh bien si, au contraire. Il faut utiliser la liberté comme une arme de destruction massive, les obliger à jouer le jeu de la confrontation loyale, dissoudre leur idéologie par l’argumentation.
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Sciences-Po ne devrait pas interdire cette intervention, mais imposer les conditions d’un débat à la loyale conforme à sa mission. Argument contre argument, idée contre idée : c’est l’esprit des Lumières.
Nous devrions dire à Mme Hassan : vous pouvez débattre, mais pas faire un meeting. Donc nous exigeons une tribune pluraliste et la garantie que tout étudiant pourra y assister et intervenir. Mettons-la face à M. Bellamy (pour prendre un eurodéputé) et on verra ce qu’il reste de l’aura de Madame Hassan… Du reste, elle se serait dégonflée. Madame Hassan ne parle pas aux sionistes.
Faire taire Rima Hassan ne nous aidera pas. Les inconvénients de la liberté sont infiniment préférables à ceux de la censure.
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