Depuis le 1er juin, une nouvelle réglementation impose à toutes les communes de France de nommer leurs rues. À Saint-Flour, cette réglementation a pris une dimension éducative pour les CM1, CM2 et la classe ITEP de l’école de Besserette. Les primaires ont participé à une balade à travers la ville afin de mieux comprendre les noms de rues qui jalonnent leur lotissement, leur école, leur quotidien.
HistoireSur le parking de l’école primaire, lieu de rendez-vous, le ton est donné par une élève. Timidement, mais pleine de solennité, la jeune fille récite son discours : « SS, résistant, STO, gestapo », tous ces mots, autrefois inconnus des jeunes écoliers, leur sont aujourd’hui familiers. Dans le cadre de leur éducation en histoire, chapitre de la seconde guerre mondiale, les élèves se sont vus confier par leur institutrice, Aude Baduel, un travail qui va au-delà des leçons dans le cahier. « Depuis le retour des vacances d’avril » explique l’enseignante, les élèves étudient plusieurs grandes figures de la résistance, assassinées par les soldats allemands, en Cantal notamment.
Les enfants devaient retrouver les croix de Lorraine, qui signifiaient un arrêt.
Un hommage aux martyrsPour l’enseignante, ce travail de recherche est indispensable : « Il y a eu beaucoup de travail de documentation en amont, mais les élèves comprennent bien mieux en se rendant sur le terrain. La plupart habite dans les rues qui nous concernent aujourd’hui, sans en connaître ni l’origine, ni la signification ». Alors, dans une balade de plus d’une heure et demie, qui ne compte pas moins de 18 points d’arrêts, les élèves, seuls ou en groupe, rendent hommage aux victimes de la grande guerre en récitant, devant un auditoire attentif une courte biographie du héros ou de l’héroïne, dont le nom est gravé sur un panneau communal. Pour se repérer, des croix de Lorraine, symboles de la résistance, et de l’espoir.
Un devoir de mémoireEsteban et ses amis, (CM1-CM2) ont pu lire une biographie sur des résistants devant plusieurs élus, dont Christiane Meyroneinc; professeures d'histoire retraitéeCe projet, Christiane Meyroneinc et son mari, tous deux professeurs d’histoire au lycée de Haute Auvergne, à la retraite, l’ont porté devant les institutrices de la primaire. Le couple a rencontré Aude Baduel lors d’une présentation sur les lieux d’histoire à Saint-Flour, ensemble, ils lui ont soumis l’idée de réaliser un projet comme celui-ci, présenté par des lycéens, mais à l’échelle de la primaire. L’ancienne professeure d’histoire, membre du comité du “chemin de la résistance”, mais aussi du comité d’animation de Besserette, s’impose comme la personne idéale, légitime, pour mener à bien ce projet, en collaboration avec l’école de Besserette. Pour Christiane Meyroneinc, cette activité s’inscrit dans « un devoir de mémoire » qui vise à sensibiliser les enfants à l’importance du patrimoine historique. L’historienne salue
« Cette initiative qui permet de donner vie aux noms de rues »
transformant une simple balade en une véritable leçon d’histoire. À présent, les trois classes de Besserette ont un rôle de passeur de mémoire, capable de partager avec précision l’origine des noms qui compose le tissu urbain de leur commune.
Anthony Valour
