Environ 80 personnes se sont réunies pour remettre le climat en selle sur la place Bonnyaud. Ou plutôt « le parking Bonnyaud ». Non contents de simplement acter le manque d’ambition de la loi Climat et résilience, discutée actuellement à l’Assemblée nationale et qui reprend partiellement les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, les manifestants creusois ont voulu dénoncer l’aménagement urbain de leur préfecture, Guéret : « C’est une anomalie, on doit être la seule préfecture en France à n’avoir aucun aménagement cyclable, ce qui décourage les gens de se mettre au vélo », fait remarquer Cédric Trolong, coprésident de l’association Guéret en selle.
Les 80 manifestants rassemblés en centre-ville. Photo : Floris Bressy
Actions symboliquesAprès avoir relooké les noms des places Bonnyaud, Varillas et Molière en noms de parkings, pour mettre en évidence la toute-puissance des automobilistes à Guéret, une partie des manifestants s’est mise en selle pour promouvoir la « Vélorution » dans leur département. Direction les hauteurs de Guéret, vers la source du ruisseau des Chers, symbole de l’étalement urbain qui assèche la nature. Lucie, membre de l’association qui s’est créée il y a un an à Guéret explique sa présence « à la fois pour promouvoir le vélo comme moyen de locomotion doux à Guéret et pour se montrer solidaire du mouvement national autour du climat ».
Pour ceux qui sont restés à pied, il s’agit surtout de réclamer une « vraie loi climat », à l’appel de plus de 600 organisations en France, qui marchent dans plus de 170 villes de l’Hexagone. « Je veux que les propositions de la Convention pour le Climat soient adoptées sans filtre, maintenant, pas dans cinq ans. Il n’y a plus le temps ! », s’impatiente Pomme, une agricultrice biologique.
Pancartes et panneaux sont mis à disposition de qui souhaite s'en emparer. Photo Floris Bressy
Quentin Picquenot, militant d’Europe Ecologie les Verts ne dit pas mieux : « Les conclusions de la conférence citoyenne ont été saluées par de nombreux experts comme un travail intéressant qui pourrait servir de base pour rester dans cet objectif de plus 1,5 degré. Mais on ne part même pas de cette base… ». Cet adjoint à la mairie de Grand-Bourg est un des seuls militants politiques et même un des seuls élus présents au rassemblement.
Amélie et Thomas (leurs prénoms ont été changés) semblent désabusés de constater le faible intérêt que suscite cette manifestation : « S’il y en a qui préfèrent regarder Netflix plutôt que de s’intéresser à ça… ». Ce couple, pourtant âgé d’une vingtaine d’années, ne souhaite pas avoir d’enfants mais s’inquiète pour les enfants des futures générations : « La Terre a un équilibre parfait et on est en train de tout foutre en l’air ». Tandis que la loi Climat est qualifiée de « greenwashing gouvernemental », le comportement des citoyens est également dans le viseur : « C’est aussi à chacun de consommer différemment, on ne peut pas acheter sur Amazon ou sur Wish tous les trois jours… »Ecolos et adeptes des jeux de mots dans le dos. Photo : Floris Bressy
L’urgence d’agir
Dominique et Hervé, couple de la troisième génération s’inquiète… pour les jeunes générations actuelles. Pour ces membres de la Ligue de protection des oiseaux, le gouvernement actuel n’a « jamais fait de l’écologie une priorité » et si c’était le cas, « il s’attaquerait aux gros pollueurs : les avions, les industries de l’armement, les camions sur les routes ».
Comportements individuels ou mesures politiques globales, les avis sont partagés mais tous soulignent l’urgence d’agir. Comme Patrick, du collectif Hors de question, opposé à l’extractivisme aurifère en Guyane : « Cela fait dix ans que j’entends dire qu’on a dix ans pour éviter la catastrophe. Alors c’est tout de suite qu’il faut tout remettre en question, sinon on aura des ennuis gravissimes »
Photos : Floris Bressy
Texte : Tom Jakubowicz
